Écrire spontanément malgré l’orthographe

3 août 2019 0 Par Francoise

Pierre  adore aller sur Facebook pour discuter, commenter, donner des conseils sur sa passion, le jardinage. Mais dernièrement, il a eu un petit accrochage avec un autre membre du groupe, trois fois rien à propos de l’utilisation de la bouillie bordelaise.  Et ça s »est envenimé. Et voilà comment il a pris en pleine figure que quand on n’était pas capable d’écrire correctement le français, on ferait mieux de ne rien écrire. Pierre est malheureux. Il est bien conscient que l’orthographe n’est pas son fort – c’était déjà le cas à l’école – et ses tournures de phrases ne sont pas toujours académiques, mais il pense que ce qu’il écrit a du sens, que c’est pertinent et que cela peut rendre service à de nombreuses personnes.

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Alors il revient dans le groupe, reprend ses commentaires et ses conseils mais il se surveille, il essaie de ne plus faire de fautes. C’est drôlement dur. Il n’est jamais certain d’avoir écrit correctement ses réponses malgré tout le temps qu’il passe à réfléchir. Et quand il arrive au bout de sa phrase, il ne sait plus trop ce qu’il voulait dire…

Les difficultés que Pierre rencontre sont celles de tous les gens qui ont un grand désir d’exprimer ce qu’il ressentent, pensent, de faire passer des connaissances mais n’ont pas toujours la maîtrise de la langue que l’on attend de quelqu’un qui écrit.

C’est comme se retrouver en société dans un groupe  dont les comportements et les manières de penser ne sont pas ceux auxquels nous sommes habitués : nous n’avons pas les codes et nous nous sentons perdus.

Alors quoi faire ? Cesser d’écrire de crainte des rebuffades ou  foncer malgré tout, au risque d’être moqué ?

Quand on maîtrise la langue, c’est facile. Très peu d’énergie est mise dans la correction de l’écrit. Tout au plus va-t-on pinailler sur l’emploi de tel ou tel mot ou la pertinence de tel ou tel accord. Rien de vital.

Quand on est dyslexique ou dysorthographique ou tout simplement quand on n’a pas eu le déclic à l’école, qu’on a conscience que ça ne va pas, même si on ne sait pas vraiment ce qui ne va pas, l’effort devient énorme. L’obstacle est souvent infranchissable. Il y a trop de choses à mettre en œuvre et on ne sait pas forcément comment.

Alors moi, je dis : ON FONCE !

Tant pis pour les grincheux. Ce qui compte, c’est écrire, dire ce que l’on désire, exprimer ce que l’on ressent.

Dans un deuxième temps, il faudra se rappeler qu’on écrit pour être compris. Donc, une fois que l’on a couché sur le papier ou tapé ce qu’on voulait, on se relit, on se met à la place de l’autre, celui qui va lire et on se demande si c’est compréhensible.

Au début, on ne verra qu’une ou deux fautes. Ca suffit, on en corrige une ou deux. On vérifie, on se renseigne. A chaque fois, on en corrige une ou deux. On essaie de trouver les bonnes questions à se poser. Le temps passant, on y parviendra de mieux en mieux, à repérer ses erreurs, d’orthographe, de syntaxe, de ponctuation… Mais au moins, on n’aura pas brimé son besoin d’écrire.

Tout le monde fait des fautes d’orthographe. Même le meilleur correcteur de la plus grande maison d’édition en fait. Toute personne qui vous affirme le contraire ment. Par contre, une simple relecture suffit à remettre les lettres en place quand on a l’œil exercé.

Tout le monde fait des fautes d’orthographe, même les écrivains !

Daniel Picouly - La faute d'orthographe est ma langue maternelle
“- Tes histoires sont jolies, mais on ne les voit pas. Elles disparaissent sous les fautes d’orthographe, “ disait à Daniel Picouly son maître d’école.

C’est un risque à courir : on enlèvera peu à peu tout ce qui cache la beauté de ces histoires mal fichues et on leur rendra leur splendeur au bout de quelques temps

L’écriture ne doit pas être réservée à une élite. Tout le monde doit pouvoir s’exprimer par écrit, malgré une mauvaise orthographe et une syntaxe défaillante.

En retour, chacun doit essayer, dans la mesure de ses moyens, d’améliorer chaque fois un  peu plus son texte, pour le rendre plus lisible, plus compréhensible par tous immédiatement.

Mais que Pierre ne se préoccupe plus du mauvais coucheur qui l’a agressé à cause de ses fautes d’orthographe. On en vient là quand on n’a plus d’arguments valables à apporter à la conversation., quand on n’a pas d’autres moyens de montrer sa supériorité. C’est un aveu de faiblesse.

Ecrire dans une belle langue,  c’est un but vers lequel il faut tendre Mais si le chemin est encore long pour l’atteindre, cela ne doit pas dissuader de le prendre.

Ecrivez, écrivez toujours : c’est comme cela qu’on s’améliore.

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